Argentine : de Cordoba à Salta
Désormais accompagnés par Martin et cela pendant 15 jours, nous prenons le bus de Buenos Aires pour faire une visite express d’un jour à Cordoba avant d’arriver à Mendoza. Nous traversons le pays dans sa largeur une seconde fois pour retrouver la Cordillère.
La journée à Cordoba nous a permis de visiter cette ville universitaire, ses rues piétonnes, ses places, son architecture coloniale, ses universités et ses musées. Le Musée de la Mémoire, un bâtiment réhabilité, est celui qui nous a particulièrement marqué car nous avons pris conscience de l’importance des tortures et interrogatoires clandestins qui ont sévi pendant la dictature militaire à la fin des années 70, sous le régime de Videla. A cette époque, des milliers de personnes disparaissaient tous les jours. L’homme qui nous accueille et nous renseigne est resté détenu pendant 8 ans dans cette ancienne prison, les yeux bandés, pendant cette guerre sale… !
Après cette journée dense et enrichissante, nous arrivons à Mendoza : la capitale sud-américaine du vin ! A nous les vignobles, les dégustations de vins, les ballades à vélo. Une journée entièrement passée à pédaler, déguster des bons vins dans les bodegas, manger et rigoler… Tout cela avec les ceps et les montagnes enneigées de la Cordillère des Andes en toile de fond.
Afin de profiter pleinement des 10 jours dont Martin bénéficie pour traverser le nord ouest du pays, nous décidons de louer une voiture. Cela nous permettra de mieux en profiter et d’être plus libres. Après moult agences interrogées et négociations engagées, nous embarquons à bord de notre Chevrolet 5 portes, très confortable et qui bénéficie d’un grand coffre pour y caser tous nos sacs. Première destination : la frontière chilienne et l’Aconcagua, plus haut sommet du continent américain avec ses 6900 mètres d’altitude. Et quelle première journée de vadrouille ! Les paysages sont somptueux ! Les canyons aux couleurs ocres, oranges, rouges se succèdent, c’est un vrai régal pour les yeux. Les pauses photos sont nombreuses. Le fameux sommet se trouve finalement devant nous. Une courte ballade nous permet de mieux l’apprécier mais nous en resterons éloignés car pour l’approcher il faut plusieurs jours de randonnées et pour une fois nous n’en avons pas le temps. Le retour à Mendoza est tout aussi beau. Nous y repassons une nuit pour profiter de la fête de fin des vendanges, de son défilé de Miss et de son concert nocturnes !
Le lendemain, en route pour deux jours et nous arrivons à Ischigualasto et Talampaya : deux parcs nationaux à couper le souffle. Ici ont été retrouvés des traces et ossements de dinosaures. Des grands canyons rougeâtres ont été formés par l’érosion et les anciennes rivières. On se croirait tantôt sur la Lune tantôt sur Mars ! Les formations rocheuses extraordinaires que nous rencontrons pendant la visite nous donnent un premier aperçu de ce qui nous attend plus au nord du pays. Si la mythique Ruta 40 que nous empruntons pour remonter le pays est un régal pour les yeux (cette route de plus de 5000 km traverse intégralement le pays du nord au sud), cela est essentiellement dû à ces fabuleuses traversées de sierras, quebradas et autres cols de montagnes.
C’est ainsi que nous parcourons pendant trois autres jours cette route sublime. Les lignes droites sont très longues, les paysages des plus variés… Nous dormons dans des petits villages pour pas cher en partageant les habitations/hospedaje avec Martin. Nous avons également l’occasion de visiter des ruines incas situées un petit peu à l’écart de notre itinéraire. Celles de Quilmes sont bien reconstituées et encaissées dans une montagne, sur laquelle une belle courte grimpette permet d’avoir des panoramas magnifiques.
Nous arrivons à Cafayate, autre principale ville de vignobles. Nous y passons seulement une soirée mais bien arrosée, avec dîner dans une pena (groupe de musique folklorique, viandes et bières locales…), et une matinée au marché artisanal avant de sillonner la Quebrada de Las Conchas. En 50 km se concentrent encore une fois des paysages hors du commun : il s’agit de formations rocheuses, d’un rouge intense, toujours plus belles et démesurées ! De l’Obélisque en passant par l’Amphithéâtre ou la Gargantua del Diablo, le canyon est parsemé de sites naturels majestueux. C’est sublime.
Cette route nous amène à Salta, plus grande vile du nord argentin. Nous ne faisons escale qu’une seule nuit mais nous y reviendrons par la suite. En effet il nous reste trois jours pour profiter pleinement de la voiture avant de la rendre à Salta.
Nous prenons donc immédiatement la direction plus au nord de la Quebrada de Huamahuaca. Nous sommes là encore soufflés par tant de beautés. Mais que ce pays est beau ! Il ne s’agit plus seulement d’un canyon aux couleurs rouges mais de toutes les couleurs ! L’activité tectonique et fluviale a creusé au fur et à mesure des années cette grande vallée surprenante dans laquelle se sont installés les peuples précolombiens et andins depuis des siècles. Les visages et les gabarits changent : les habitants ont des traits indiens/andins et sont plus râblais. Maimara avec sa « palette du peintre », Tilcara, Huamahuaca et Purmamarca avec sa colline aux sept couleurs sont autant de petits villages nichés au creux de ces montagnes polychromes. Que de couleurs, les décors sont presque cartoonesques : rouge, violet, jaune, vert, orange… ! On ne s’en lasse pas.
Pour la dernière journée nous grimpons jusqu’aux Salinas Grandes : un désert de sel ou encore un salar. La route pour y accéder est magnifique et après un col à plus de 4000m nous apercevons, tel un mirage, cette grande étendue de sel. C’est littéralement éblouissant ! Grâce à la réverbération du salar, on a l’impression de marcher sur l’eau. Lorsqu’une tranchée de sel est creusée alors c’est la couleur émeraude qui prédomine… Ce n’est pas encore le salar d’Uyuni en Bolivie (où nous irons !) mais c’est déjà envoûtant. Mais il est malheureusement déjà temps de faire demi-tour. Nous dormirons dans un camping à Yala, à mi-chemin vers Salta.
Arrivés dans la grande ville, après 10 jours et 2500 km de route, nous rendons la voiture. On profite des dernières heures avec Martin pour visiter « Salta la linda », une ville avec de beaux bâtiments coloniaux, des musées, des belles églises, des parcs aérés et un vieux télécabine qui nous transporte au sommet d’une petite colline pour dominer le tout. C’est l’heure de nous séparer. Martin continue son chemin seul pour ses 3 derniers jours de vacances et finit par la visite des chutes d’Iguazu. Bonne route à toi amigo, Martino el grosso con queso !
Nous avons passé de nombreux moments agréables pendant ce road trip avec notre ami. Mais ce n’est pas de tout repos lorsque l’on voyage vite, au rythme intense des vacanciers. Martin parti, on en profite pour faire un break, nous reposer et nous retrouver. C’est dans un coin paisible de Cachi, à 4h de bus de Salta que nous jetons notre dévolu, dans une chambre confortable, avec des vignobles à portée de main et la piscine nichée dans le décor montagneux. Nous profitons de bons repas : la propriétaire est une excellente cuisinière, ce qui nous permet de bien manger et de varier avec les sempiternels (juteux et délicieux) morceaux de viandes argentines ! Quatre jours et quatre nuits de repos, d’écriture et surtout de lecture. Nous avons suffisamment rechargé les batteries pour repartir et reprendre le rythme de notre voyage à deux.
Nous retournons donc à Salta afin de préparer nos deux dernières journées en Argentine (et oui !). Et quelle fin de séjour !
Nous passons une journée dans une estancia à faire du cheval. Papa Rios, le gaucho qui nous emmène, est adorable et nous avons la chance d’être seuls avec lui. De longues conversations à cheval dans un décor magnifique dont nous nous souviendrons. De la même manière que nous n’oublierons pas le dernier asado (barbecue carnivore) pantagruélique, accompagné des bouteilles de vin, que nous avons partagé avec Enrique le propriétaire des lieux. Quelles belles rencontres !
Notre dernière journée est quant à elle pleine d’adrénaline : rafting avec rapides de niveau 3 pendant 3 heures et descentes en tyroliennes ! Si le rafting nous a procuré de bonnes sensations aquatiques et nous a permis de nous dépenser un peu au milieu d’un canyon somptueux, les tyroliennes ont achevé notre périple en apothéose : hautes de 200m et longues de 600m, imaginez ! Quel spectacle incroyable de traverser la vallée, suspendus à cette hauteur, sur un câble en acier. La perspective est complètement différente de celle du rafting.
Nos deux mois en Argentine s’achèvent là-dessus ! Nous avons tellement aimé ce pays ! Les distances sont très grandes, les trajets en bus donc très longs. Mais cela permet de traverser, découvrir une variété et une richesse de paysages exceptionnels. Des montagnes et des lacs, aux glaciers de Patagonie, en passant par la Cordillère des Andes ou encore des vignobles, des canyons arides, aux salars du nord en passant par la multiculturelle Buenos Aires… Que de beautés traversées. La viande est délicieuse, moins chère qu’en France, donc les Kg ingurgités sont nombreux autour d’assiettes copieuses et d’asados partagés avec les locaux… Les Argentins nous sont apparus accueillants et souriants, curieux de notre parcours, ce qui nous a donc permis d’échanger de longues heures, en espagnol bien sûr !
Nous reprenons la route avec un rapide détour de quelques jours au Chili avant d’aller en Bolivie. 10h de bus nous conduiront jusqu’à San Pedro de Atacama, au nord du pays.
A très vite !